Les jeux de société font carton plein
La crise covid a eu un impact négatif sur la promotion grand public des jeux de société. Malgré tout, l’engouement est massif.
Le marché belge du jeu et jouet pesait 440 millions d’euros en 2021. En son sein, les puzzles et les jeux de société représentaient à eux seuls 16,1 % du marché, soit plus de 70 millions contre 14,6 % en 2020, selon Frédéric Henrotte, le cofondateur de la chaîne de magasins de jeux et jouets Fox&Cie.
En période covid, le consommateur s’est tourné vers les jeux de société et les puzzles pour passer du temps seul ou en famille, loin des écrans. A l’avenir, le jeu de société devrait encore se diversifier et rentrer dans les mœurs de davantage de familles. Les prix attendus devraient augmenter. Le marché compterait ainsi sur une croissance mondiale jusqu’en 2026 selon les prévisions d’Asmodee, société d’édition et de distribution.
« Les jeux de société, c’est un tiers de notre chiffre d’affaires en 2020. Nos magasins vendaient jusque-là essentiellement des jeux et jouets pour enfants. Mais durant la pandémie, nous avons attiré une nouvelle clientèle, les grands enfants que sont les adultes. Les jeux d’apéro ou jeux d’ambiance ont eu, depuis, un grand succès, comme Limite Limite, Blanc Manger Coco ou encore Top Ten adulte », commente Frédéric Henrotte. Et la tendance ne devrait pas s’arrêter de sitôt : selon le cofondateur de Fox&Cie, le marché mute continuellement, avec une centaine de nouveautés par an et l’implication toujours plus grande d’acteurs et d’éditeurs de jeux de société.
Carine Maréchal, gérante du magasin « Jeu de NIM » à Enghien, confirme : « Dans notre magasin, par rapport à l’année 2019, les ventes de jeux de société ont augmenté de 37 % en 2020 et de 14 % en 2021. Une tendance qui s’explique par trois facteurs. Un, l’envie pour les parents d’occuper les enfants, ce qui s’est traduit en ventes de bricolages, casse-tête et puzzles. Deux, l’envie de s’occuper en famille, ce qui se traduit en ventes de jeux de société. Trois, l’envie encore de faire une détox digitale – besoin d’alternatives aux heures passées devant un écran en confinement. »
Wei, consommateur de jeux de société, est un habitué des festivals de jeux. Il manque rarement une édition de la foire spécialisée d’Essen. Malheureusement, le trentenaire n’a pas pu s’y rendre en 2020 puisque l’événement avait été annulé pour raison sanitaire. Pas de déplacement non plus en 2021 car le prix des places avait plus que doublé : « Le seuil de participants autorisés a certainement été baissé pour raisons sanitaires, et pour rendre l’événement viable ils ont dû augmenter le prix des places. »
Mais si Wei s’est tourné vers le site boardgamearena.com pour jouer en ligne à des jeux de société digitalisés, ce n’est pas pour cette unique raison. Lui qui s’était interdit d’y jouer, s’est tourné vers le web à défaut également de trouver des joueurs dans son club habituel à Mons.
Bien que le marché du jeu de société soit en bonne santé, que ce soient les distributeurs, les éditeurs ou les passionnés de jeux, tous croisent les doigts. Ils espèrent se retrouver lors de festivals, de foires et autres événements autour des jeux de cartes ou de plateaux.
Elodie Migeal, responsable Marketing d’Asmodee Belgique, déclare ceci : « Bien que la campagne digitale de présentation de jeux a rencontré un certain succès, nous espérons pouvoir refaire des démonstrations avec notre public lors du Brussels Games Festival ou encore le festival You Play ! de la Made in Asia à venir.
Malheureusement, ces deux dernières années, on a dû se plier à des annulations de festivals ou à des injonctions du service stratégique du groupe afin de limiter les risques sanitaires. La MIA 2021 aurait pu être une belle opportunité pour mettre en avant les 25 ans de la licence Pokémon, dont les ventes de cartes à collectionner ont explosé et dont nous sommes les distributeurs. »
Carine Maréchal, gérante de Jeu de NIM : « En novembre dernier, on a pu organiser le Festival Jeux de NIM 2021 dans le parc d’Enghien. L’événement a accueilli 800 personnes contre 1.200 en 2019. Malheureusement, on exigeait des enfants d’au moins 12 ans qu’ils aient un CST. On ne vaccinait pas encore les enfants à ce moment-là et quel parent allait payer 30 euros un test PCR alors que l’entrée coûte 2-3 euros. » De plus, depuis le 8 décembre, les animations de Jeu de NIM à destination des enfants ont été suspendues pour raisons sanitaires ; Carine Maréchal espère bientôt pouvoir reprendre cette activité essentielle pour garder le contact humain de la profession.
Aitor Benitez
In : LE SOIR du mercredi 5 janvier 2022